"Cela" ne m'appartient pas

alain brunache

J'ai deux pieds et je marche. La marche ne m'appartient pas, "ça" marche. Mon corps fait un pas, et un pas, et un pas...

Si j'essaie de m'arrêter et de ne plus bouger, cela n'aura qu'un temps. Je vais bien finir par me remettre en marche, cela ne m'appartient pas, je ne peux l'empêcher. Tout comme je ne peux m'empêcher de respirer bien longtemps, je ne peux m'empêcher de marcher.

Il semblerait qu'il y ait deux façons de marcher ; deux façons d'être dans le mouvement.

Dans la première, je suis orienté vers un objectif fantasmé. La carotte devant mon nez me laisse présager d'être repus "quand j'aurai"...

La deuxième façon d'être dans le mouvement est de me laisser porter par l'élan intérieur.

 

Je sais qu'en moi l'élan, plutôt qu'un objectif fantasmé, est suivi quand je suis déjà en train de savourer la carotte et suis déjà repus ; quand le stress ne prend plus le pouvoir ; quand j'ai l'impression d'être parfaitement à ma place ; quand je sens que l'enchaînement de mes pas se fait en fluidité, sans nécessité de "mon" contrôle ; quand je n'attends plus rien car tout m'est déjà donné ; quand je suis confiant ; quand mon geste est une improvisation inspirée ; quand l'inconnu règne ; quand mes projets ne viennent pas troubler la paix océanique de maintenant.

 

Par quoi donc suis-je animé maintenant ? Par l'élan ? Ou par un objectif fantasmé ?

 

Mes amis, je vous le dis, nous sommes tous aptes à nous laisser porter par l'élan maintenant !

Ceci étant, je constate être parfois animé par l'élan et parfois par un objectif fantasmé. Je ne vois ni bien ni mal dans tout ça, je vois que cela ne m'appartient pas et fais confiance à l'insaisissable danse du vivant.

 

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